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La Loire vivante à Bruxelles !

Pour la troisième année, à l’initiative de l’EP Loire, les acteurs de la recherche se sont réunis à Bruxelles, à l’AFCCRE, pour faire le bilan d’une année de fonctionnement de la plateforme RDI, Recherche, Données, Information que porte l’EPTB. Une quarantaine de personnes, issues de divers organismes de recherche, de gestion, d’institutions et d’ONG ont croisé pendant deux journées leurs travaux, leurs recherches, leurs savoirs, leurs regards sous la responsabilité du Conseil Scientifique sur Plan Loire et sous les cieux bienveillants de l’Union. Cette dernière, dans le cadre du Programme Opérationnel Pluriannuel (POP) du Plan Loire Grandeur Nature, contribue à hauteur de 33 millions d’euros, sur un budget total de 259 millions, à la mise en place des actions du troisième programme du Plan Loire (2007-2013).
Le programme Opérationnel de l’Europe s’inscrit dans le cadre de la politique de cohésion de l’Union, avec un objectif de soutien à l’innovation et l’expérimentation, en particulier dans le domaine de la gestion du risque naturel d’inondations, un aspect crucial des politiques publiques de l’UE. Sa contribution permet donc essentiellement d’améliorer les efforts collectifs dans les domaines de la recherche, de la diffusion des connaissances, de la circulation des informations, de la communication, des aspects sur lesquels les phases 1 et 2 du Plan Loire Grandeur Nature lancé, rappelons-le, le 4 janvier 1994, ont été et sont toujours notoirement insuffisantes.
On sait que l’Etat français, en général, et le Plan Loire en particulier sont très déficients en matière de communication sur les projets et d’établissement de processus de participation des acteurs de la société civile, tant pour l’élaboration des savoirs que pour leur mise en oeuvre. Le Grenelle, au plan national, est un premier essai, timide encore, pour modifier les pratiques. Sur le bassin, la « Conférence annuelle des acteurs » du Plan Loire, qui n’a même pas eu lieu cette année, est le seul rendez-vous global planifié à l’échelle du territoire, pour prendre le relais et faire le bilan d’actions régionales qui restent encore mal appropriées et peu lisibles : le Plan Loire reste encore un bel inconnu. Cette conférence
annuelle est seul outil d’une gouvernance qui reste encore une gouvernance administrée, descendante, classique en France, de plus en plus déconnectée des besoins réels des acteurs
locaux. Ceux-ci ont un besoin grandissant de comprendre les enjeux, de participer à la recherche et la mise en oeuvre de solutions et l’EP Loire l’a compris. Par les voix de son directeur, Jean Claude Eudes et de Stéphane Merceron, chef de cabinet du président Jean Germain, l’établissement a rappelé sa volonté d’ancrer la recherche, son action sur les territoires, de ne pas faire un Plan Loire « hors sol », avec une recherche déconnectée des besoins des gestionnaires. Passer d’une gouvernance administrée à une gouvernance contractualisée.
En présence du président du Conseil Scientifique, Jean Paul Bravard et du vice président, Jean Pierre Berton, fondateur de l’IMACOF à Tours, qui a à ce jour formé plus de 800 étudiants à la « gestion durable » des écosystèmes aquatiques (et par ailleurs membre du Conseil Scientifique du WWF), les intervenants ont présenté les résultats de leurs travaux. Issus de champs de recherches très différents, dans les divers registres des sciences : biologie, mathématiques, chimie, mais aussi sciences humaines et sociales, ils ont présenté des travaux aussi divers que la qualité des eaux dans les barrages de la Loire Amont, la géo-archéologie de la vallée de la Loire, la restauration morphologique de la Loire aval, les flux sédimentaires dans l’estuaire, etc.
Le WWF et l’association Zoomacom, avec laquelle l’ONG a passé une convention, pour l’animation du « Collectif Loire Amont Vivante », ont participé à ces deux journées. Zoomacom, qui met les outils numériques à disposition de la « communauté d’acteurs » de la Loire amont, pour faciliter la mutualisation des connaissances, des moyens, des compétences a présenté son projet d’espace de « Co-working » en cours d’élaboration à Saint-Étienne. À terme, ce « tiers lieu », situé dans les locaux de l’association pourrait faciliter le dialogue entre chercheurs et gestionnaires locaux, entre producteurs et utilisateurs de connaissances, aux fins, entre autres, de dynamiser la restauration de la Loire amont, le dernier secteur très abimé du fleuve et encore orphelin d’un engagement fort du Plan Loire. Par ailleurs, cet espace numérique, utilisant toutes les ressources du web 2.0, pourrait aussi plus globalement faciliter les échanges de connaissances et de pratiques à l’échelle du bassin de la Loire, en permettant une meilleure utilisation du site www.plan-loire.fr encore largement sous-utilisé. Le WWF a pour sa part souligné l’importance de la présence des ONG dans la mise en oeuvre du Plan Loire, à la fois pour aider à stabiliser et faciliter l’appropriation collective de ses éléments les plus cruciaux, comme la culture de la gestion du risque naturel d’inondations ou la restauration de la biodiversité et pour continuer à faire émerger des enjeux innovants, comme ceux de l’effacement d’ouvrages dépassés ou la labellisation, à l’échelle du bassin, de quelques installations hydroélectriques dans le cadre de la « Convention pour une hydroélectricité durable » élaborée dans le processus du Grenelle de l’environnement.
Pour l’avenir du Plan Loire et de sa phase 4, bientôt en cours d’élaboration, pour l’exportation de ses aspects les plus innovants, les plus expérimentaux, comme son action pour la sauvegarde de ce capital international qu’est le saumon atlantique de la Loire, pour montrer à l’Europe que la France n’est pas toujours en retard sur les questions de préservation et de restauration de son environnement, ce type de rencontre d’un genre nouveau est indispensable. Se retrouver, entre acteurs partageant les mêmes difficultés, certes à des places et avec des rôles différents, pour transformer la culture du risque naturel d’inondations où la culture de la biodiversité de notre pays est essentielle. L’organisation de ces deux jours à Bruxelles, dans un des coeurs de l’Union montre une volonté bienvenue de l’EP Loire de faire connaître les aspects les plus innovants du Plan Loire, en matière d’évaluation, de participation, de communication, innovations que demandent le Programme opérationnel. Comme le remarquait en fin de séminaire l’Onema, ce n’est pas si souvent que des institutions françaises pensent à se réunir directement à Bruxelles, démontrant ainsi de façon pratique et pragmatique leur intérêt pour les institutions supra nationales. Il reste, par delà la rencontre, à renforcer davantage encore les liens sur le bassin, et surtout à traduire en actes la capacité à innover. Et là, quand on voit, par exemple, que l’annonce de l’effacement de Poutès traine depuis 4 ans ou encore que le chantier d’une salle de spectacle de 2500 places en pleine zone inondable, à Andrézieux-Bouthéon dans la Loire, est en cours, on sait qu’il y a encore beaucoup, beaucoup à faire.

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