C’est un constat maintenant largement partagé. Nos rivières, nos ruisseaux, nos fleuves, les zones humides qui s’y rattachent sont en mauvais état, presque partout sur la planète. En deux siècles d’aménagements lourds, destinés à améliorer les conditions de vie des hommes, les écosystèmes fluviaux ont été largement artificialisés et ressemblent souvent aujourd’hui plus à des canaux monotones, voire à des égouts sans âme, qu’à des fleuves vivants rendant aux communautés humaines les nombreux services écologiques que fournissent les milieux naturels en bon état écologique. Pire. Plusieurs grands fleuves, aujourd’hui, suite aux prélèvements excessifs de l’agriculture industrielle, n’atteignent même plus la mer certaines parties de l’année : le Colorado, le Fleuve Jaune, l’Indus, le Rio Grande.
Les maux qui touchent les fleuves du monde ont-ils épargné la Loire Amont, soit la partie amont du « dernier fleuve sauvage de France », sauvé, il y a une dizaine d’années, d’un programme d’aménagement lourd anachronique ? Non. Les problèmes planétaires sont aussi visibles à l’échelle locale. Dans le département de la Loire en particulier, marqué par une histoire industrielle riche, qui a profondément bouleversé la géographie locale, la liste des rivières en mauvais état, physiquement dégradées, à commencer par la Loire est longue. Il suffit d’évoquer le nom du Furan, rivière refoulée, rivière enterrée, rivière égout pour avoir à l’esprit l’image négative d’un héritage pour les milieux aquatiques qui n’est pourtant pas uniquement sombre. Car il y a aussi, encore, heureusement, de belles rivières ou plutôt de belles parties de rivières sur la Loire Amont. Le lignon, la Semène, le Rhins, d’autres. Mais elles sont encore quelquefois menacées, comme par exemple à Andrézieux, où la commune envisage de nouvelles installations en zone inondable, ou comme sur le minuscule ruisseau du fuyant, en amont de Roanne, menacée en 2006 par un projet de drainage agricole.
L’idée qu’il faut réparer les dégâts, restaurer, renaturaliser nos rivières est encore faiblement présente chez les élites, comme à Firminy où la vidange calamiteuse du barrage des Plats, aujourd’hui percé à la base, pourrait conduire la ville à envisager d’abandonner sérieusement ce barrage d’un autre temps. Deux exemples, récents, qui montrent la nécessité, afin d’atteindre les objectifs de « bon état écologique » que nous assigne la Directive Cadre sur l’eau de l’Union Européenne, de nous mobiliser, chacun et tous, pour nos rivières, pour la Loire.
Et c’est bien parce que le département de la Loire n’est pas suffisamment entré dans l’ère de la restauration, de la réconciliation de l’homme et de ses extraordinaires organismes que sont les fleuves que s’est crée, en 1999, le Collectif Loire Amont Vivante. Il poursuit, depuis cette date, inlassablement, le combat pour alerter les élus, les institutions, les individus, pour mettre en mouvement la société, pour lancer les grands chantiers indispensables de restauration, pour trouver des solutions, avec tous : villes de Saint-Etienne, Firminy, Roanne, mais aussi communes plus petites, EDF, EPLoire, Région Rhône-Alpes, départements de la Loire et de la Haute-Loire. Le fleuve Loire, à certains égard, avec le Plan Loire Grandeur Nature, est un fleuve pilote à l’échelle de l’Europe. Ses acteurs ont démontré, par exemple avec le programme Loire nature, une capacité inégalée en France à lancer d’ambitieuses actions de restauration, impliquant tous les riverains : agriculteurs, entreprises, communes, associations, au service d’un fleuve vivant. Nous ne pouvons rester en retard sur la Loire amont !
Ce pressbook est là pour vous rappeler quelques-unes des actions du Collectif Loire Amont Vivante. Un Collectif ouvert à tous, informel, regroupant des associations reconnues, à la recherche de solutions qui ne peuvent être que collectives. Un collectif qui participe aux actions institutionnelles, comme le SAGE Loire Amont, mais qui est aussi libre d’agir hors de ce cadre novateur, mais souvent trop contraint et soumis à des intérêts économiques : irrigation, hydroélectricité qui ont trop fait la pluie et le mauvais temps des rivières partout en France. Le CLAV rassemble aujourd’hui une trentaine d’organisations locales régionales, nationales, naturalistes, pêcheurs, consommateurs et a fait la preuve de son efficacité, de son originalité, de sa capacité à rassembler : actions pour dénoncer des pollutions diverses, proposer des alternatives, campagne pour supprimer les phosphates, Big jump.
Lançons-nous, ensemble, dans l’aventure indispensable de la restauration de la Loire, du Furan, de la Semène et de l’ensemble du bassin versant de la Loire Amont. Rêvons du jour où, grâce à nos efforts, les poissons migrateurs, l’anguille, l’alose, le saumon pourront à nouveau remonter sur la Loire.
Jetons-nous à l’eau, pour les fleuves que nous aimons.